L’histoire du Nunavik se révèle au fil des millénaires d'occupation de la région par ses habitants, les Inuits. Comparable à celui de leurs ancêtres, le mode de vie des Inuits est très étroitement lié au milieu naturel et à ses ressources.
Les contacts entre les Inuits et les Eurocanadiens ont commencé graduellement vers le milieu du XIXe siècle, alors que de nombreux Inuits ont continué de vivre sensiblement de la même manière que leurs ancêtres pendant longtemps au XXe siècle. Les missionnaires et les commerçants de fourrure ont été les premiers à fréquenter le Nord et ils ont amené avec eux notamment des valeurs différentes, de nouvelles coutumes et des outils perfectionnés de chasse, de pêche et de piégeage. C'est seulement avec l’intervention du gouvernement dans le Nord au XXe siècle que s'opère des transformations irréversibles et s’établissent dans des communautés.
La Convention de la Baie-James et du Nord québécois, signée en 1975, est largement reconnue comme étant le premier traité moderne de revendications territoriales au Canada. La Convention protège les droits traditionnels des Inuits du Nunavik et établit les bases de relations respectueuses entre les Inuits et les gouvernements du Québec et du Canada. La Convention couvre un large éventail de domaines dont la chasse, la pêche et le piégeage, l’éducation, la santé, le développement économique et l’administration publique.
Les archéologues croient que des groupes de Paléoesquimaux, de Dorsétiens, de Thuléens et d’Inuits ont progressivement occupé le Nunavik au cours des quelques 4 500 dernières années. Les Thuléens, ancêtres directs des Inuits, sont arrivés dans la région vers l’an 1 000 de notre ère. Leurs techniques de survie étaient très bien adaptées au climat rigoureux de l’Arctique. Principalement nomades, les Thuléens vivaient le long des côtes et devaient compter sur les ressources fauniques de la région et leur propre ingéniosité pour assurer leur subsistance.
Comparable à celui des Thuléens, le mode de vie des Inuits est très étroitement lié au milieu naturel et à ses ressources. Pleinement conscients de la fragilité du milieu nordique, les Inuits ont toujours été soucieux de la protection de l’environnement.
Au moment des premiers contacts avec les Européens, les Inuits vivaient en petits groupes familiaux, autonomes et nomades, voyageant chaque saison en quête de nourriture. La survie et la satisfaction des besoins matériels dépendaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ils recherchaient notamment caribous, poissons, mammifères marins, et récoltaient occasionnellement des œufs d’oiseaux et des baies pour survivre.
Les Inuits ont développé des compétences uniques et remarquables associées à vivre de la nature. Par ailleurs, pour survivre dans leur environnement, ils ont dû inventer des technologies uniques telles que l’igloo, le kayak, l’ulu (couteau utilisé par les femmes), le qulliq (lampe en stéatite), les vêtements de fourrure et les harpons à tête détachable. Entièrement autosuffisants, les Inuits migraient d’un endroit à l’autre en fonction des variations environnementales et des cycles annuels de disponibilité des mammifères terrestres et marins.
La vie des Inuits dans la région de l’Ungava était la plupart du temps, extrêmement difficile. Trouver de quoi se nourrir suffisamment, que ce soit par la recherche de caribous à l’intérieur des terres ou la capture de phoques à la limite des glaces flottantes, était une lutte quotidienne. En période de disette, les Inuits chassaient le lagopède ou pêchaient du poisson, lorsque ces ressources étaient disponibles. Leur survie à long terme dépendait toutefois de l’abondance du caribou et du phoque, deux espèces qui leur permettaient non seulement de se nourrir, mais aussi de se construire des abris, de se vêtir et d’avoir une source de combustible.
Avec l’arrivée des commerçants de fourrures européens, la vie inuite a commencé à s'adapter et à s'éloigner de la récolte purement de subsistance pour se concentrer davantage sur le piégeage de la fourrure à des fins commerciales. Rapidement, les Inuits sont devenus dépendants du piégeage des fourrures pour subvenir à de nouveaux besoins essentiels: fusils, thé, tabac et farine. Au fur et à mesure que cette dépendance grandissait, plus de temps étaient passés aux postes de traite qui, graduellement, ont inclus une mission et un poste de police. C'est ainsi qu'a commencé le processus de sédentarisation des Inuits en communautés.
L’inuktitut, cette langue autochtone parlée dans l’Arctique canadien, s’insère dans une variété de dialectes inuits parlés de l’Alaska jusqu’au Groenland. Selon Statistique Canada, l’inuktitut se place au deuxième rang des langues autochtones les plus parlées au Canada, la langue crie occupant la première place. Avant les premiers contacts avec les Européens, l’inuktitut ne possédait pas de système d’écriture. En fait, dans les années 1840, l’écriture syllabique a été créée pour les Cris par James Evans, un missionnaire manitobain. Ce système, dont les symboles représentent une combinaison de consonnes et de voyelles, a plus tard été adapté à l’inuktitut, tant au Nunavut qu’au Nunavik, et ce, par les missionnaires et les Inuits eux-mêmes. L’inuktitut possède également une orthographe basée sur l’alphabet romain : le qaluijarpait (L’Encyclopédie canadienne, 2020).
Le maintien de la langue inuktitut a été menacée lorsque de nombreux enfants ont commencé à fréquenter les pensionnats scolaires qui interdisaient strictement de parler la langue (Pauktuutit, 2006). Toutefois, des structures ont été établies pour assurer que la langue inuktitut soit maintenue vivante et forte et que la culture inuite soit conservée et renforcée. En fait, l'inuktitut est l'une des très rares langues autochtones au monde qui ne soit pas en danger d'être perdue (Pauktuutit, 2006). Au Nunavik, l’inuktitut est la langue la plus utilisée dans les collectivités et est enseignée à l’école aux niveaux primaire et secondaire. La majorité des Inuits sont également aptes à communiquer en anglais ou en français. Durant les deux premières années du primaire, la langue d’enseignement est l’inuktitut. Au cours des années suivantes, l’enseignement est donné en français ou en anglais, selon le choix des enfants et des parents. Pour l’année scolaire 2014-2015, environ 2 770 élèves étaient inscrits dans les écoles primaires et secondaires (Kativik Ilisarniliriniq, 2018).
La chasse et la pêche traditionnelle font partie intégrante de l’identité culturelle des Inuits. Bien avant l’arrivée des premiers Européens, les Inuits entretenaient un mode de vie semi-nomade; ils vivaient ainsi de chasse, de pêche et de cueillette en se déplaçant à travers leur territoire. Le caribou a toujours été le mammifère terrestre considéré comme le plus essentiel au bien-être des Inuits et utilisé à plusieurs fins : construction d’abris avec la peau et les os, fabrication de vêtement à partir de la fourrure, source de viande, etc.
Malgré la sédentarisation de la plupart des Inuits au 20e siècle, ce peuple vit toujours en harmonie et en interdépendances de la nature et de leur environnement. Les techniques et les technologies pour la chasse et la pêche qui leur permettent d’avoir accès à de la nourriture traditionnelle ont évolué avec le temps, mais ces pratiques demeurent ancrées dans leur culture. Par ailleurs, en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) et de la Loi sur les droits de chasse et de pêche dans les territoires de la Baie-James et du Nouveau-Québec (LRQ, c D-13.1), les Inuits possèdent aujourd’hui un droit exclusif de chasse et de pêche sur les terres de catégories I et II.
La chasse, la pêche et la cueillette sont des activités ancrées dans le mode de vie des Inuits du Nunavik. Traditionnellement, et encore aujourd’hui, les activités de chasse étaient surtout exercées par les hommes, excepté la chasse aux oiseaux marins où la femme participait. La pêche est exercée autant par les hommes que les femmes. Toutefois, ce sont les femmes qui effectuent la récolte d’œufs d’oiseaux marins et de plantes, notamment des petits fruits. En fait, les femmes inuites détiennent un savoir écologiques par rapport aux petits fruits : elles ont une compréhension remarquable de l’impact environnementale sur la production des fruits (Simard-Gagnon, 2013). La plupart des plantes intégrées à la vie des Inuits jouent un rôle primordial au maintien de leur santé, mais également de leur identité culturelle (Dubois, 2018).
On trouve plusieurs espèces productrices de petits fruits au Nunavik : chicouté (aqpik, Rubus chamaemorus), les bleuets (kigutangirnaq, Vaccinium uliginosum), les airelles rouges (kimminaq, Vaccinium vitis-idaea) et la camarine noire (paurngaq, Empetrum nigrum) (Simard-Gagnon, 2013). Au Nunavik, les premières baies, les bleuets et les camarines, font leur apparition dès la fin juillet jusqu’au premier gel en septembre, parfois même octobre. En août, les cueilleurs inuits fréquente la toundra à la recherche intensive d’aqpik. Cette baie est si populaire que son nom a été attribué au plus grand festival de musique au Nunavik : le Aqpik Jam. Le festival se tient au cours de la deuxième semaine d'août pour coïncider avec la maturation et la récolte de aqpik. Plus tard en octobre, les airelles rouges, communément appelées les petites canneberges, sont récoltées. Celles-ci peuvent également être récoltées au printemps suivant alors qu’elles sont gorgées d’eau de la fonte des neiges (Dubois, 2018).
Les Inuits préparent une salade de fruits bien propre à eux : le suvalik. Cette salade composée de petits fruits est mélangée avec un sorte de mayonnaise à base d’œufs de poissons et de misiraq, une huile de phoque fermentée (Dubois, 2018)
Les 14 villages nordiques inuits du Nunavik sont des entités municipales constituées en vertu de la Loi Kativik. Les pouvoirs et les obligations des villages se comparent à ceux définis pour l’ensemble des municipalités du Québec. Les plus grandes communautés sont Kuujjuaq, Puvirnituq, Salluit et Inukjuak.
Tous les villages du Nunavik sont dotés de services publics ainsi que de services de télécommunication et de télédiffusion. Chaque municipalité fournit des services comparables à ceux des municipalités du reste du Québec : eau potable, gestion des eaux usées et des ordures ménagères, services de voirie et d’aménagement urbain, électricité, aéroport, églises, écoles de niveaux primaire et secondaire, dispensaire ou centres locaux de services communautaires (CLSC) (selon le village), poste de police, bureau de poste, garderie, radio communautaire, centre sportif, centre communautaire et autres.
Ces communautés ne sont pas reliées par un système routier entre elles; les déplacements en avion, bateau ou motoneige entre les communautés est donc nécessaire. Il en va de même pour le ravitaillement des communautés qui s’effectue soit par avion toute l’année ou par bateau l’été.
Le katajjaniq est la pratique du chant de gorge des Inuits du Nunavik; une expression distinctive de la culture inuite du Nunavik et une composante de leur patrimoine culturel. Il s’agit d’une pratique généralement compétitive et amicale, où deux femmes se font face en se tenant parfois les épaules ou les bras de façon à être très proches l’une de l’autre. En alternance, les deux femmes émettent des sons gutturaux et vocaux en canon. Ces sons se superposent et imitent le vent, l'eau, le cri des animaux et d'autres sons du quotidien. Le jeu s’arrête lorsque l’une d’elles est à bout de souffle ou rit.
Cette pratique ludique témoigne d'une longue tradition orale des femmes du Nunavik. Autrefois confinées dans leur abri lors des grands froids alors que les hommes étaient à la chasse, les femmes se divertissaient par la pratique du chant de gorge. La transmission de connaissances sur la nature et l’environnement associées au katajjaniq se faisait par les femmes, de génération en génération. Le chant de gorge se pratiquait également lors de fêtes saisonnières, et même pour apaiser ou endormir les enfants.
Les changements sociaux liés à la sédentarisation dans les années 1950 ont eu pour effet de perturber la transmission des connaissances traditionnelles, de même que la pratique du katajjaniq. Néanmoins, depuis les années 1960-1970, les Nunavimmiuts se réapproprient la transmission de pratiques culturelles, incluant le katajjaniq.
L’action de sculpter se traduit « sananguaq » ou « sananguagaq » en inuktitut : « sana » signifiant « faire » et « nguaq » réfère au concept de « modèle, imitation, ressemblance ». Au Nunavik, un esprit narratif est caractéristique de la sculpture inuite. Les sculptures de cette région se composent de nombreux détails, plus ou moins réalistes, qui s’ajoutent à diverses scènes de la vie quotidienne, aux personnages et aux animaux qui sont représentés.
Alors que la traite des fourrures s’effondrait au début des années 50, de nombreux Inuits qui commençaient à se sédentariser se sont tournés vers la sculpture pour s’assurer un revenu. Bien que pour plusieurs la sculpture est perçue comme étant traditionnelle chez les Inuits, cette activité résulte plutôt d’un engouement des gens du Sud pour cet art au cours du 20e siècle. Même si le commerce des sculptures se développe principalement après la mi-20e siècle, la sculpture était néanmoins monnaie d’échange courante entre les Inuits et les baleiniers au 19e siècle. En fait, à l’époque, les Inuits sculptaient lorsque les conditions météorologiques les empêchaient de chasser ou lors de l’arrivée d’étrangers pour faire du troc contre des biens nouveaux.
Les Inuits sculptaient également pour fabriquer des outils de chasse ou de pêche, ainsi que des ustensiles, récipients et jouets. Le « qulliq », la lampe à huile taillée dans la stéatite, en est un exemple. Certaines pièces étaient sculptées dans l’ivoire, l’os, l’andouiller et parfois même le bois flotté, mais le médium le plus commun était la « pierre à savon », soit des pierres de la famille de la péridotite. Il s’agit de pierres d’origines métamorphiques composées entre autres de talc minéral issu du silicate de magnésium. Elles sont ainsi particulièrement tendres et se travaillent facilement, à l’image du savon. Ces pierres sont parfois grises, parfois vertes. Près d’Ivujivik, d’autres pierres sont utilisées : généralement une pierre calcaire de couleur ocre.
Aujourd’hui, certains Inuits utilisent des outils mécaniques et des meules électriques pour sculpter. Néanmoins, la séquence des outillages pour sculpter demeure la même. D’abord, la pierre est dégrossie à la hache ou l’herminette jusqu’à l’obtention des volumes recherchés pour la sculpture, puis les volumes et les détails sont définis aux couteaux et gouges. Les pièces sont ensuite limées pour être aplanies ou arrondies, puis sablées et polies avec des abrasifs. Occasionnellement, la finition est complétée par l’ajout d’une cire (souvent du type « cirage à chaussures »).
Le traîneau à chiens comme moyen de transport en hiver est une méthode inventée par les peuples autochtones du Nord. Souvent, pour tirer sur la neige, l’équipe se compose de 2 à 12 chiens, parfois plus. Ceux-ci sont soit attachés par paires à une corde reliée au traîneau, ou bien chaque chien est attaché au traîneau par sa propre ligne, formant ainsi un attelage en éventail. Les chiens de tête reçoivent les commandes du conducteur à la voix, et dirigent ainsi le reste de l’équipe. Il existe différentes histoires sur l’origine du mot « musher ». L’une d’entre elles réfère aux premiers conducteurs canadiens français à utiliser le traîneau de chiens dans le Nord qui criaient « Marche! » pour encourager leur attelage à avancer. Certaines sources rapportent que les explorateurs anglais, ayant mal compris le cri des francophones et entendu « mush », ont dès lors appelés les conducteurs de traîneaux à chiens des « mushers ». Pour tirer des charges importantes, les Inuits ont inventé le qamutik, un lourd traîneau utilisable sur un terrain accidenté (L’Encyclopédie canadienne, 2020).
Pour les Inuits, le chien n'était pas qu'un simple moyen de transport. Il était un membre important de l'équipe de chasse, repérant parfois des proies que le chasseur n’avait pas aperçues, puis permettait de ramener de la nourriture au camp. Certains chiens arrivaient même à détecter les trous d'aération des phoques sur la banquise. Également, plusieurs histoires racontent que des chiens ont sauvé la vie de leurs propriétaires en trouvant le chemin du retour à la maison pendant des conditions de blizzard (L’Encyclopédie canadienne, 2020).
L’arrivée des Européens au Nunavik a profondément transformé le mode de vie des Inuits, des Cris et des Naskapis.
Ce n'est qu'au début du 17e siècle que la présence d'Européens devient relativement continue. Suite au succès sur le plan commercial de l'établissement d'un premier poste de traite sur la rivière Rupert en 1668, la compagnie de la Baie d'Husdon (CBH) est fondée en 1670. Par la suite, des navires en provenance de l’Europe sillonnèrent presque chaque été les eaux du détroit d’Hudson pour aller réapprovisionner les postes de la CBH dans la baie James et la baie d’Hudson.
Les Inuits, dont les déplacements servaient auparavant essentiellement à assurer leur subsistance, ont modifié leurs habitudes afin de répondre aux demandes de la traite des fourrures en accordant une place importante au piégeage dans leur cycle annuel. Après la Seconde Guerre mondiale, la valeur de la fourrure du renard arctique a drastiquement chuté, provoquant une perte de revenus considérable pour les Inuits. Cette période a également concordé avec une baisse drastique des caribous dans les régions de l’Arctique de l’Est canadien, plaçant ainsi les Inuits devant une crise. Le gouvernement canadien met alors des mesures en place pour administrer l’Arctique et ses habitants avec l’objectif d’intégrer les Inuits à la société canadienne : financement de la construction de maisons, les familles sont incitées à envoyer leurs enfants à l’école en recevant des allocations familiales, etc. Les Inuits sont ainsi encouragés à s’établir en communautés. Cette sédentarisation a eu pour effet notamment de provoquer une perte de repères culturels chez les Inuits (Lévesque, 2010).
Malgré cette sédentarisation, les Inuits ne renoncent pas à se déplacer et à chasser. Par ailleurs, une des conséquences de cette nouvelle vie en communauté est la concentration de nombreux chiens au sein de celle-ci. Ces chiens sont rarement attachés puisque les Inuits considèrent que cela favorise leur socialisation. Pour le gouvernement canadien, il y a dès lors un « problème de chiens » au Nunavik. Un contrôle des chiens au Nunavik est instauré dans les années 1950 et 1960 afin d’assurer la sécurité des populations locales et éviter la transmission de maladies. D’abord, le gouvernement canadien exige, comme dans les Territoires du Nord-Ouest, que les propriétaires attachent leurs chiens et permet à la GRC de tuer ceux qui errent. Lorsque le gouvernement québécois commence à administrer le Nunavik, celui-ci apporte des modifications à la législation qui lui permettent de tuer les chiens errants à longueur d'année. Les Inuits ont souffert de ces mesures. Il leur était difficile de poursuivre leurs activités de chasse et de trappe avec un nombre réduit de chiens, et d’ainsi voyager sur le territoire. Par ailleurs, dans la culture inuite, le chien fait partie intégrante de la société; leur élimination a ainsi été durement perçue (Lévesque, 2010).
Également, avec les mesures de sédentarisation imposées au cours du 20e siècle, le maintien de la langue inuktitut a été menacé lorsque de nombreux enfants ont commencé à fréquenter les pensionnats scolaires qui interdisaient strictement de parler la langue. Ces pensionnats ont causé un large éventail de préjudices et de difficultés aux Inuits, car ils ont perturbé la transmission de la culture et des valeurs traditionnelles, affaibli le lien entre les générations et causé d'immenses chagrins et frustrations pour de nombreuses familles. De plus, à cette époque, les responsabilités pour de nombreux aspects de la vie des Inuits n'étaient plus assumées au sein de la famille, mais étaient assumées par des agences et des employés anonymes du gouvernement vivant souvent dans des villes éloignées. Ces facteurs ont causé un stress et des tensions considérables dans la société inuite et ont créé un héritage de maux sociaux qui continuent de résonner aujourd'hui (Pauktuutit, 2006).
Au fur et à mesure que les contacts avec les étrangers se sont intensifiés au 20e siècle, la culture des Inuits, des Cris et des Naskapis a commencé à changer et à s’adapter au monde moderne.
L’établissement des Inuits en communautés
Du milieu des années 1950 jusqu’au milieu des années 1960, l’Arctique canadien, y compris la région de l’Ungava, a fait l’objet d’une présence gouvernementale sans précédent. Une série de programmes sociaux
a été mis en place afin d’offrir des services de santé, de logement, d’éducation et de développement économique dans le Nord. Le fait d’inciter les Inuits à quitter leur mode de vie nomade pour s’établir dans des communautés permanentes a été un élément central de cette stratégie (MacDonald, 2010).
Une telle politique de relocalisation a été lourde de conséquences pour la population inuite, façonnant presque tous les aspects de son histoire sociale récente. Un virage majeur a ainsi été amorcé : les Inuits, relativement autonomes dans le contexte de leur vie nomade, sont devenus, du moins au début, presque totalement dépendants des programmes et des services gouvernementaux offerts dans les communautés.
L’adaptation à la vie sédentaire qui leur était totalement étrangère s’est avérée très difficile. Vivant auparavant de façon nomade au sein de groupes familiaux élargis, les Inuits se sont soudainement retrouvés rassemblés dans des communautés, leurs formes traditionnelles de leadership et de prise de décisions en grande partie remplacées par celles des fonctionnaires recrutés dans le sud. Dans de telles conditions, la culture, la langue, les valeurs traditionnelles et les connaissances pratiques des Inuits se sont effritées et un malaise social endémique s’est installé (MacDonald, 2010).
La signature de la CBJNQ en 1975 et celle de la CNEQ en 1978 ont marqué une étape importante dans la vie
des Inuits, des Cris et des Naskapis, leur redonnant enfin une plus grande autonomie politique.